Équilibre Déplacé


Nous étions trois.

Trois voix différentes, mais accordées.

Quand la mienne tremblait, il y avait toujours une voix pour l’apaiser.

Quand l’autre s’emportait, la même voix calmait la tempête.

C’était la voix médiane, le souffle qui rendait l’air respirable.

 

Dans cette maison, il n’était pas seulement un enfant.

Il était l’équilibre.

La pierre d’angle invisible, celle qu’on ne remarque qu’au moment où elle s’absente.

 

Demain, il s’en va.

Et déjà, je mesure le vide que son départ ouvrira :

une place qu’on ne remplace pas,

une voix qui manquera dans la partition,

un fil qui tenait la balance entre nous trois.

 

Peut-être qu’un nouvel équilibre viendra, différent, fragile, mouvant.

La maison et moi apprendrons à porter ce silence nouveau,comme une autre forme d’accord, moins audible mais toujours présent,

dans l’écho de ses mots,

dans la mémoire de sa voix,

dans ce fil qui relie encore,

même à des milliers de kilomètres.